Vous êtes dans la coalition IDY2019. Qu'est ce qui justifie le choix d'Idrissa Seck ?
Bonjour, tout d'abord permettez moi de vous remercier pour votre invitation.
En fait c'est un choix logique de soutenir Idrissa Seck , avec qui j'étais dans la même coalition lors des législatives de juin 2017, à savoir le Mankoo taxawou Sénégal.
J'étais le mandataire de la coalition pour le département de l'Europe du nord et du centre.
C'est un choix de raison et de coeur en droite ligne de mes convictions politiques.
Et c'est le moment de rappeler la posture de Idrissa Seck, qui pour répondre à la demande du peuple concernant la liste unique avait déclaré : qu'il ne voulait ni de queue de liste ni de tête de liste, il s'était effacé afin de concrétiser le seul choix qui s'imposait à toute l'opposition pour matérialiser l'option de la liste unique.
C'est la marque de fabrique et l'ADN des grands leaders de savoir répondre aux attentes de leur peuple, et Idrissa en est un.
On sait que Idrissa Seck participe à sa troisième présidentielle. Pourquoi vous croyez que la troisième sera la bonne ?
S'il plait à Dieu cette fois ci ce sera la bonne ; on sent la main du Tout Puissant en constatant l'ampleur des ralliements et la convergence vers Idrissa Seck.
Même Macky Sall, de manière inconsciente a déblayé le chemin qui mène vers Idrissa Seck, mais également vers le palais.
En dépit de ces considérations divines qui boostent le destin de Idrissa Seck, nous sommes à l'heure d'une impérieuse nécessité d'un choix qui va impacter l'avenir de notre pays ces prochaines décennies.
Ainsi, si nous avons plus l'habitude de sanctionner un président, il est opportun de porter notre choix sur le candidat Idrissa Seck.
C'est son heure, il a un bon programme, il a la maturité, la connaissance des sphères étatiques et les compétences pour impulser l'émergence de notre pays.
C'est un homme qui a su rester debout malgré les nombreux torrents de boue et de calomnie, et les vagues de félonie à son égard.
Il a la carapace d'un homme d'État, il a le sens du respect de la parole donnée les sénégalais ont eu une dent dure à son encontre, par ailleurs à tort parce qu'il ne devait pas répondre à l'appel de Wade sous les injonctions de nos guides religieux.
Notre société est ainsi faite et on se plie parfois à la volonté de nos " kilifeu. "
Il a la chance d'avoir des femmes et des hommes rodés à la gestion de l'État, bref cela donne des relents d'un futur gouvernement d'union nationale, un gouvernement de transition qui va remettre à l'endroit ce qui est à l'envers et nous sortir du Capharnaüm républicain.
On vous a connu proche d'Ousmane Sonko. Pourquoi n'avez-vous pas rejoint sa coalition ?
Oui en effet, on a cheminé des années ensemble avec mon frère Sonko ; nous avons connu la traversée du désert au moment ou il était méconnu du grand public. Nous étions très liés avec un respect profond et mutuel, parfois même avant sa prise de parole je savais ce qu'il allait dire, il m'a associé à plusieurs prises de décision dans la diaspora au point que certains disaient que j'étais son homme de confiance.
Pour vous dire à tel point Sonko me faisait confiance, une fois il m'a appelé pour me charger de prendre des nouvelles d'un de ses amis qui était en séjour en France.
Quand on s'est connu on a décidé ensemble de travailler avec d'autres jeunes leaders pour monter une entité capable de compter sur l'échiquier sous peu de temps, Initiative politique pour une alternative au Sénégal ; dont Sonko m'a désigné comme coordinateur avec l'assentiment des autres parties prenantes.
Ensuite, ce qui a précipité mon entrée au sein du parti Pastef, c'est l'exclusion de Sonko de la fonction publique.
Mais avant la création du parti, nous avions monté un comité de défense de Ousmane Sonko, par la suite j'ai voulu capitaliser sur l'engouement des sénégalais qui étaient contre sa radiation arbitraire de la fonction publique et j'ai décidé d'installer le parti en France et au delà. Je ne regrette rien et si c'était à refaire j'aurai recommencé.
C'est avec fierté que j'observe sa percée en pensant à tous ces hommes et femmes qui savent se rassembler pour défendre des causes nobles.
Néanmoins, depuis les législatives de juin 2017, nous avons eu une divergence politique au niveau du choix de la liste unique que devait constituer l'opposition.
Il ne faut pas oublier que l'idée de la liste unique a trouvé un écho favorable en France, où nous avions réussi la prouesse de réunir quasiment tous les partis politiques de l'opposition. Ensuite le parti m'a désavoué, ce fut le début de la fin de mon compagnonnage avec Sonko.
On ne se parlait plus, jusqu'au décès de ma maman en septembre 2018 , il est venu me présenter ses condoléances avec Bassirou Diomaye Faye, ils avaient trouvé sur place Seydou Guèye, ministre porte parole du gouvernement et Yakham Mbaye; pour rappel mon neveu est de l'APR, et moi même je suis un ancien apériste.
J'ai apprécié ce geste de frère de Sonko, et j'avais même plaisanté en lui disant que je n'avais pas encore rendu ma carte de membre, il m'a demandé de ne pas la rendre.
À mon retour en France, on a repris le contact et je lui ai expliqué que nous avons créé un mouvement politique avec des proches dénommé : Action pour la refondation de la République et de la Citoyenneté / Beug Sa RËEW.
J'ai mis Sonko dans le groupe watsapp avec Thierno Alassane Sall et il a quitté le panel quelques temps après sans me dire ses raisons, il a coupé les ponts avec moi et jusqu'au moment où je vous parle; je méconnais pourquoi il a coupé les liens.
Je crois savoir qu'il y a des personnes entre nous qui lui ont raconté des vertes et des pas mûres, mais en tant que responsable qui veut diriger notre pays ; il ne doit pas tendre l'oreille que d'un côté.
Il est utile que les nombreuses personnes que j'ai amenées dans le parti sachent le fond de mes démêlés et qu'elles comprennent que je ne renie jamais mes engagements, contrairement à d'autres et que je n'oublie jamais ce qui s'est passé hier.
Sonko est venu deux fois en France mener ses activités politiques sans même daigner passer le plus petit coup de fil.
D'ailleurs la seconde fois qu'il est venu en France, c'était pour tenir un grand meeting aux Dock Haussmann ; ainsi le coordinateur du parti Pastef en France m'a appelé pour inviter l'opposition sénégalaise à travers le front pour le départ de Macky Sall dont je suis le coordinateur.
Arrivé là-bas, on a été ostracisé et très mal reçu, les membres de l'opposition étaient très remontés contre les agissements des membres de Pastef. J'ai du faire une sortie pour déplorer cela.
Quand des militants de l'opposition ont été agressés, Sonko fait partie des leaders de parti qui ont ignoré totalement ces attaques, ni coup de fil ni messages.
Et pourtant, même Karim Wade depuis le Qatar a appelé pour réconforter les blessés, sans oublier Idrissa Seck par le biais de Déthié Fall qui m'a appelé; Abdoulaye Baldé, Pape Diop, Barthélémy Dias etc...
On partage le combat de l'opposition, et il aurait pu faire ce geste d'autant plus qu'on se connait bien.
Cela dit je respecte son choix, mais il est impératif que certains militants de Pastef qui n'apprécient pas ma démarche soient au courant de mes divergences avec leur mentor.
Je pense qu'ils doivent demander des comptes à leur mentor et non à ma modeste personne.
Je pense que sa posture politique est mise à mal et devient incohérente.
Son casting des présidentielles avec des personnes qui sont l'incarnation du système depuis Mathusalem laisse présager d'un changement de cap.
Sa rencontre avec Wade aussi peut lui porter préjudice, si j'étais lui je dirais clairement aux militants que nous changeons notre ligne de démarcation.
Il risque d'être confronté aux mêmes problèmes que j'ai eu avec certains militants en France.
C'était une bagarre permanente avec certains qui ne voulaient pas entendre parler des opposants classiques. Ces nouveaux venus en politique mettaient en avant comme Sonko à son début, des histoires de mains propres, de système et que sais-je encore.
Je dois dire que conformément à ma philosophie, ces discours n'étaient pas ma tasse de thé; la politique n'est pas qu'une histoire de mains propres, et un parti politique n'est pas un tribunal qui doit décider de qui a les mains propres ou non.
Les militants aussi ne doivent pas être des objecteurs de conscience sensés décerner des quitus de moralité.
Je regrette un peu les courants d'idées du PS français d'antan, c'est un modèle à transposer chez nous, il faut du pluralisme au sein d'un parti afin que les idées soient confrontées.
On peut se tromper, mais il faut être humble et le reconnaître, un système quel qu'il soit ne peut être incarné que par des hommes et des femmes.
Je vous donne un scoop, quand Karim Wade a voulu le joindre, un grand journaliste d'investigation m'a demandé le numéro de Sonko.
Quand je le lui ai donné, je lui ai expliqué qu'il perdait son temps car Sonko n'allait pas répondre. Cela n'a pas tardé, Sonko a refusé de prendre l'appel de Karim.
Aujourd'hui il a changé de vision au point d'aller rencontrer le père de Karim, comprenne qui pourra.
Maintenant nous sommes dans des camps différents et je constate que sa ligne politique a peut-être bougé depuis les législatives.
Êtes vous de ceux qui disent que le parrainage est finalement une bonne nouvelle pour l'opposition car il aura aidé à constituer de grands pôles.
Le parrainage tel qu'il est institué est un recul pour notre démocratie et notre système politique. Ce type de parrainage n'existe que chez nous et nulle part ailleurs, en France pour être candidat il faut juste cinq cent signatures de grands électeurs.
Maintenant que le vin est tiré et qu'il faut le boire, on doit reconnaître que c'est une bonne nouvelle pour les partis qui sont obligés de se déployer pour élargir leurs bases. Qui plus est c'est ce fait qui peut permettre à l'opposition de mettre en place un dispositif pour sécuriser le jour j le vote.
Malgré les alliances au sein de l'opposition, le pouvoir continue à dire que son candidat passera dès le premier tour. Pour vous, est-ce un schéma prévisible ?
C'est impossible que Macky passe au premier tour, prenez l'exemple des législatives avec le score de BBY à Dakar avec 35%; alors que pour passer au premier tour au Sénégal, il faut gagner Dakar avec plus de 60 %.
Imaginez vous qu'il faut à la majorité progresser de 25% à Dakar pour espérer gagner au premier tour.
Sachant que BBY est sur une tendance baissière depuis les présidentielles de 2012, c'est quasi impossible.
Mais si cela se produit, que croyez-vous pouvoir faire, à défaut de vous plier à la décision de la majorité ?
Ma conviction intime est que Macky Sall partira le soir du 24 février 2019.
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